Partagez :
FacebookLinkedInTwitter

« L’exercice professionnel y compris du chasseur de tête va être modifié par l’arrivée de l’IA. Ce qu’on ne connaît pas c’est le solde entre la destruction et la création, au bout d’un certain temps. Sera-t-il positif ou négatif ? »»

Le 19 avril dernier, Pierre Cannet, dirigeant et fondateur de Blue Search, était l’invité de BFM Business aux côtés de Nicolas Galita, Caroline Adam et Diane Ingani. Avec les journalistes Sandra Gandoin et Annalisa Cappellini, ils ont abordé différents éléments liés à la transformation digitale et à l’essor de l’IA.

Mettre en place un département digital dans mon entreprise : quel rattachement hiérarchique opérer ?

Depuis l’accélération de la digitalisation des entreprises liée au Covid-19, différents chefs d’entreprise s’interrogent sur la mise en place d’un département digital et son éventuelle organisation. Les retailers sont parmi les plus concernés par cette question.

Pierre Cannet pose 3 options sur lesquelles un dirigeant peut s’appuyer pour établir le meilleur rattachement hiérarchique possible dès lors qu’il aura déterminé à quoi va servir le département digital :

  • La fonction principale est de faire de la communication pour générer de l’audience et améliorer la notoriété à le département sera rattaché à la direction de la communication
  • La fonction principale est d’avoir un magasin en ligne à le département sera rattaché à la direction commerciale
  • La fonction principale est de générer du trafic en magasin à le département sera rattaché à la direction marketing

Une 4ème option serait le rattachement à la direction générale. Face au changement technologique, cette dernière option peut sembler la plus adaptée. En effet, si l’entreprise est en retard sur le digital et que l’objectif est de faire passer un message en interne et en externe sur l’importance du digital pour l’organisation, alors elle peut décider de se rattacher directement le poste pendant un temps avant de redistribuer les choses au sein des différentes directions.

Cependant, il faut rester prudent avec cette option car le risque de placer la direction digitale sous la direction générale c’est d’avoir « une entreprise à côté de l’entreprise » et justement de ne pas avoir la dissémination de l’esprit digital dans toute l’entreprise. Beaucoup de sociétés ont créé des filiales digitales et se sont rapidement rendues compte que cela générait des cultures, des valeurs et des rythmes de travail différents. Ces sociétés ont finalement décidé de redistribuer les départements ou les services digitaux et de les rattacher au Codir.

IA et chatbot : l’évolution technologique dans les emplois

BFM Business a publié vendredi 19 avril, les résultats à la question « l’IA va-telle, à terme, détruire des emplois ? ». 4 types de réponses ont été données par les internautes et les téléspectateurs pour ce sondage de BFM :

  • Les français sont majoritairement conscients que leur rôle dans l’entreprise va changer (70%)
  • Un peu plus de la moitié estime que leur employeur les accompagne correctement dans ce changement (58%)
  • La moitié (50%) est persuadée que les nouvelles technologies vont détruire des emplois
  • La moitié (50%) pense que l’IA fera disparaître des emplois

L’enquête soulève un problème tout aussi essentiel : on demande aux Français si l’IA va détruire des emploi et mais ne leur ne demande pas si ça va en créer !

Pierre Cannet s’appuie sur la théorie de la « destruction créatrice » de J. Schumpeter : « en tant que chasseur de tête dédié, je vois bien qu’il y a une demande très forte en IA, en data science, en IA générative donc on a des postes à pourvoir sur la filière data des entreprises. On observe aussi la création de nouveaux départements, de nouveaux métiers. Donc il y aura des créations d’emplois. Mais il y aura aussi des destructions d’emplois et des modifications de tous les emplois. On pourra prendre métier par métier, l’exercice professionnel y compris du chasseur de tête va être modifié par l’arrivée de l’IA. Ce qu’on ne connaît pas c’est le solde entre la destruction et la création, au bout d’un certain temps. Sera-t-il positif ou négatif ? »

Nicolas Galieta quant à lui, est encore plus optimiste que les répondants et met J.M Keynes en parallèle. « Une des meilleures manières d’envisager l’avenir c’est de regarder dans le passé : quand le Thermomix arrive, est-ce que les restaurants se ferment ? ». Tout est une question de l’utilisation des outils. J.M Keynes pensait que le progrès technique et économique nous permettrait de travailler seulement 4h par jour à notre époque. Si cela n’arrive pas c’est parce que « l’humanité adore être en croissance ». Nicolas Galita ajoute « qu’est-ce qui se passe si je te donne un ordinateur ou Chatgpt ? Tu vas encore plus vite, tu produis en plus grande quantité et tu ne te dis pas « c’est bon, on va faire le même PIB et moins de gens vont travailler », ça ne se passe jamais comme ça ». Il appuie sur le fait que ce type de changement est plus lent que ce que l’on ne pense et que malgré tout, des emplois seront recréés tout comme cela a été le cas avec l’apparition de l’ordinateur. La seule différence c’est qu’aujourd’hui le changement va un peu plus vite. Caroline Adam le démontre avec ces chiffres « en septembre 2022 il y avait 1 million d’utilisateurs de Chatgpt, aujourd’hui il y en a 180 millions ».

La clé sera d’éviter la fracture numérique qui s’était déjà produite en 1999-2000 et qui peut se reproduire avec l’IA, en incitant tout le monde à se former car la concurrence se fera entre celui qui utilise Chatgpt et celui qui ne l’utilise pas. Il y a beaucoup de défiance face à cet outil mais il faut le tester et essayer de s’y former pour mieux l’apprivoiser. Les personnes qui sauront l’utiliser, seront plus compétitives sur le marché de l’emploi.

L’IA n’est pas le seul outil sur lequel nos experts ont pu échanger. Le chatbot humain ou automatisé a aussi soulevé la question : « lequel faut-il choisir entre les deux ? ». La réponse est normande ! On ne peut pas choisir que le chatbot humain car cela coûte très cher et on ne peut pas choisir que le chatbot automatisé car ce ne sera pas personnalisé et authentique. Il faut donc les deux, avec un humain qui coache le robot. D’où un nouveau métier le « coachbot », c’est-à-dire une personne qui coache les robots pour améliorer les réponses de ces derniers.

On peut aisément faire un parallèle avec ce qui a été dit dans l’un de nos autres articles sur les meilleures pratiques de recrutement et plus particulièrement sur les retours négatifs. Il existe aujourd’hui des outils qui ont un mélange d’IA et d’humain et qui permettent de faire les retours. C’est très positif pour décupler la capacité à répondre tout en restant humain.