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Interview réalisée par Stéphanie Condis, de plusieurs professionnels parmi lesquels Tristan Jadoul de Blue Search Conseil, pour le magazine Challenges et le site internet challenges.fr.

LA COTE DES DIPLÔMES. Dans ces cursus ouverts à des profils variés, la passion et le travail priment. A la clé, des salaires élevés.

Les offres de formation en web ont explosé en moins d’une décennie. « Des écoles spécialisées se sont créées, comme 42, l’EEMI ou la Web School Factory, observe Pascale Neveu, de l’association professionnelle Designers interactifs. Et des établissements plus classiques ont lancé des programmes autour du numérique, comme l’ECV, dédiée à la communication visuelle et au graphisme. Ou bien Strate, qui s’est ouverte au design interactif. »

Comment faire son choix ?

La plupart des diplômes délivrés par les écoles du Web, des établissements souvent très jeunes, ne sont pas reconnus par l’Etat. L’ancienneté d’une formation n’est pas forcément un gage d’excellence, mais elle permet d’avoir du recul sur les enseignements dispensés, les intervenants professionnels et l’insertion des diplômés, ou encore de s’appuyer sur l’étendue du réseau des alumni. Il est important de s’assurer que l’employabilité à la sortie est bonne, car la plupart du temps, ces formations sont chères. « Attention aux écoles opportunistes, qui présentent des droits d’inscription très élevés », prévient Benoît Drouillat, responsable du design chez l’éditeur de logiciels Oodrive. Et de mettre en avant des parcours universitaires de qualité au coût modique, comme la licence informatique de l’université Paris 8 ou le master métiers du multimédia interactif de Paris 1.

Les Gobelins, la très renommée école de l’image, compte quant à elle un quart de boursiers et affiche des tarifs raisonnables pour ses deux nouveaux bachelors, développeur interactif et design interactif. La troisième et dernière année s’effectuant en apprentissage, les étudiants seront alors dispensés de frais de scolarité. C’est un avantage indéniable que de proposer l’alternance, comme le fait aussi la Web School Factory, « véritable école entreprise, précise sa directrice, Anne Lalou. Les élèves travaillent en mode projet avec des entreprises et avec des délais réels. De plus, chaque année se termine par un stage ».

Autre point fort, le séjour à l’étranger, obligatoire, pendant un semestre. Pour l’Epitech, c’est une année entière. Par ailleurs, l’école, qui a inspiré la création de 42, met en avant sa pédagogie peu académique. « Nous laissons beaucoup d’autonomie dans l’appropriation des technologies, souligne Fabrice Bardèche, vice-président du groupe Ionis, qui possède plusieurs établissements dans ce secteur. De l’Epitech à Sup’Internet, en passant par la Web@cademy, nous couvrons toute la palette des métiers du digital. » La puissance d’un groupe s’avère, en effet, un atout indéniable, à l’image du réseau Studialis, qui détient la Web School Factory, Hetic, Strate et Iesa Multimédia.

Comment y entrer ?

Il faut être passionné par l’informatique. Et si le bac n’est pas obligatoire pour intégrer 42 ou Web@cademy, il est demandé pour obtenir un bachelor ou un master. La sélection se fait sur dossier et entretien, et parfois des tests de logique (Web School Factory, Hetic, Epitech).

Quels sont les débouchés ?

Les opportunités sont très nombreuses et variées. Et la plupart des métiers font face à une pénurie. En particulier les fonctions autour de la data, les développeurs et les intégrateurs Web ou encore les spécialistes de l’expérience utilisateur. « Les data scientists et data analysts sont les mieux payés, avec 41 000 euros brut par an pour les débutants, précise Tristan Jadoul, de Blue Search Conseil, cabinet de recrutement dans le digital. C’est environ 40 000 euros pour les développeurs et 38 000 euros pour les designers en charge de l’expérience client. » Charlotte Vitoux, directrice en France de l’ Aquent, agence spécialisée dans les métiers du digital, ajoute : « Les grilles de salaires ne sont pas fonction du diplôme, mais de la spécificité technique et de l’expérience du candidat, auxquelles s’ajoutent, parfois, la maîtrise d’une langue étrangère et une expérience hors de France. »

On nous apprend à apprendre, les technologies évoluant sans cesse

D’emblée, Flavien Hello précise qu’il a un parcours atypique : « J’ai quitté l’école à 16 ans, car je m’ennuyais. Après des petits boulots, j’ai intégré une école d’art, Lisaa, où j’ai appris l’animation 3D, car je m’intéressais aux jeux vidéo. Au bout d’un an passé au CNRS, je suis parti pour un tour du monde d’une année. En rentrant, j’avais envie d’un défi intellectuel, je voulais pousser mon savoir en informatique. » Conseillé par des amis, il choisit l’Epitech : « J’avais du retard, j’étais sans bases techniques et le plus âgé de ma classe ! En travaillant dur, j’ai bouclé le cursus en trois ans au lieu de cinq. » Puis il se découvre une âme d’entrepreneur en suivant l’Académie Start-up, en partenariat avec HEC. Pendant l’année obligatoire à l’étranger, il fait un échange universitaire à Séoul où il rencontre son associé actuel, avec qui il fonde R-PUR, start-up de masques antipollution hébergée par Station F, à Paris. Plus besoin de changer d’air, Flavien a trouvé sa vocation !

Retrouvez l’article sur www.challenges.fr