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La presse aime les modes : après celle du métavers (un autre monde, miroir fantasmagorique du nôtre), celui des crypto-monnaies (une autre monnaie numérique, celle qui s’affranchit du contrôle des banques centrales), voici venue la révolution de l’intelligence artificielle (une autre intelligence, sans doute « supérieure » à la nôtre). Certaines modes se transforment en usages, d’autres rentrent au musée des inventions oubliées ; soyons sûrs que l’IA fait et fera partie du premier ensemble.

Comme souvent, le tryptique (j’ai peur, j’adore, j’abandonne) détermine la façon dont les médias et nous-mêmes sur les réseaux sociaux appréhendons le phénomène. Les avis sont radicaux (les chantres de ChatGPT affrontant les réfractaires) ; plus intéressant, les sentiments sont mêlés : « cela me fascine mais cela m’angoisse en même temps ».

Depuis la nuit des temps, les hommes redoutent et espèrent à la fois une intelligence supérieure à la leur, celle d’une divinité ou extra-terrestre.

Qu’une intelligence artificielle, désormais à la portée de tous via la version gratuite de ChatGPT, résolve à la vitesse de la lumière les problèmes du quotidien et voici que fleurissent les études et statistiques, terribles oracles sur l’avenir de nos sociétés et singulièrement de l’emploi.

En ce qui concerne le marché du travail, les jeux semblent faits ; selon Goldman Sachs, l’IA générative pourrait remplacer à terme 300 millions d’emplois en équivalent temps plein.

Seul ChatGPT 3 reste prudent. Nous lui demandons si l’IA va détruire nos emplois : réponse diplomatique de ChatGPT, « cette question est très controversée et dépend largement des applications de l’intelligence artificielle ».

Les observateurs, Cassandre ou éternels optimistes, se partagent donc en deux camps : ceux, les plus nombreux qui craignent un accroissement du chômage et ceux, aujourd’hui minoritaires, qui espèrent une destruction créatrice comme lors de chaque vague d’innovation, ce phénomène qui a été écrit autrefois par Schumpeter.

À l’inverse des précédentes révolutions industrielles, l’IA pourrait toucher (également ou principalement) les emplois les plus qualifiés : traducteurs, avocats, radiologues, chirurgiens…

Il ne nous appartient pas d’être arbitre des élégances et de trancher entre ces deux visions du monde de demain.

Deux observations néanmoins, en matière de première conclusion :

–         Souvenons-nous des propos du PDG d’IBM dès 2016 : « l’intelligence artificielle sera au cerveau ce que la machine à vapeur a été au muscle ». S’il y a compétition entre deux intelligences, l’une (l’IA) peut aussi être au service de l’autre (l’intelligence humaine).

–         Pour de nombreuses tâches, l’intelligence artificielle est et sera nettement supérieure à l’intelligence humaine, mais un terme de l’équation est rarement abordé : l’intelligence collective, celle qui traverse les organisations (association, entreprise, syndicat, …) et qui caractérise les espèces vivantes (mammifères, insectes, …) ; celle-ci rééquilibre les forces en jeu… du moins, tant que nous n’avons pas à affronter une armée de robots ? !