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Talents du digital : comment se comporter sur un marché de l’emploi moins florissant

En 2023, les candidats auront-ils le dernier mot ?

Début 2022, l’un des consultants de Blue Search avait rédigé un article au titre prémonitoire : « en 2022, les candidats auront le dernier mot » ; de fait, cette année aura été l’« année du candidat » !

Attisée par de nouveaux phénomènes sociologiques et le « spectre de la grande démission », la pénurie de cadres (et souvent de non-cadres) a touché la plupart des secteurs d’activités et notamment ceux de la distribution, de l’hôtellerie ou de la restauration. En parallèle, le taux de démissions en France (2,7% au premier trimestre 2022 selon la DARES) est parmi les plus hauts enregistrés depuis 1993.

Le digital, qui traverse toute l’économie française, n’a pas été épargné : pour tout dire, depuis 20 ans, le rapport de force entre les employeurs et les talents du digital a presque toujours été favorable à ces derniers au point que certains économistes ont parlé de « pénurie structurelle ».

Ce besoin « endémique » de main d’œuvre est en effet lié à des facteurs qui perdurent :

  • La transformation digitale est une longue traine et non pas un phénomène ponctuel,
  • l’appareil de formation initial et continu peine à combler les inadéquations entre offre et demande,
  • les nouveaux métiers sont nombreux et les qualifications professionnelles exigées par les employeurs évoluent en permanence.

2022 n’a donc pas dérogé à la règle et les employeurs ont dû redoubler d’ingéniosité pour séduire les candidats et garder leurs talents.

Qu’en sera-t-il en 2023, tandis que les nuages se pressent à l’horizon de l’économie française ?

Plusieurs facteurs conduisent à craindre une dégradation du marché de l’emploi, y compris dans le digital.

Chacun connait les conséquences d’une stagflation (combinaison d’une faible croissance et de l’inflation) sur le pouvoir d’achat et donc la consommation ; l’an prochain, le venin de l’inflation aura des effets sur la demande en biens de grande consommation ; c’est déjà le cas en cette fin d’année malgré les différents amortisseurs et boucliers ; or la croissance du digital est pour l’essentiel tirée par celle du e-commerce ; les derniers chiffres de la FEVAD montrent bien que le chiffre d’affaires du e-commerce progresse peu (comparé à 2019, année pré-covid) ou diminue (par rapport à 2020, année du covid). Selon la FEVAD, au premier semestre, la vente des produits en ligne connait une baisse de 15%. De même, les ventes de produits électroniques subissent le même recul par rapport au 3ème trimestre 2021 et se rapproche du niveau de 2019 avec une légère avance de 3%.

Le premier moteur pourrait donc s’enrayer.

En outre, les levées de fond sont de plus en plus difficiles et de nombreuses startups sont contraintes d’assurer une croissance « rentable » et de veiller à l’évolution de leurs coûts en limitant notamment les embauches : en 2023, on peut s’attendre à un contexte « darwinien » de sélection naturelle assortie du dépôt de bilan de certaines startups et du retour à l’emploi salarié de nombreux freelance, auto-entrepreneurs et fondateurs.

Pour autant, le dernier quarter 2022 reste encore très dynamique pour Blue Search conseil et sans doute pour nos confrères.

Nous prévoyons en réalité non pas une crise de l’emploi mais un rééquilibrage entre offre et demande de cadres du digital ; cet optimisme en demi-teinte ou ce pessimisme mesuré s’explique par deux phénomènes :

  • Le premier a été évoqué plus haut : si la pénurie est en partie structurelle, elle devrait perdurer en 2023 car les écarts entre les exigences des employeurs et les qualifications des candidats devraient se maintenir ;
  • d’autre part, si le e-commerce de produits pourrait connaitre un certain repli en 2023, d’autres moteurs pourraient prendre le relai : le monde des services en ligne (e-santé, e-tourisme, banque et assurance en ligne, seconde main, …) va prendre le relai.

Nous confirmons donc l’adage ; quand l’économie va bien, le digital va très bien.

Quand l’économie va moins bien, le digital tire son épingle du jeu.

Et donc le marché de l’emploi de cadres du digital devrait se maintenir.