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Depuis 20 ans et l’éclatement de la bulle Internet, le marché de l’emploi digital est en permanence favorable aux cadres. Les pénuries de compétences concernent pratiquement tous les métiers : ceux de l’IT (le manque de développeurs est devenu une vérité de la Palice !), mais aussi ceux de la data (Data scientists, Data engineers…), du marketing online (spécialistes du SEO, SEM…), du e-CRM (experts de la fidélisation online) et de la Digital Factory (Product Owner, Product Manager…).

La pénurie s’est encore accrue pendant la période de la Covid ; un indicateur clé : les groupes et les startups ont manqué en 2021 et 2022 de talents du digital mais aussi de professionnels du recrutement pour les embaucher ! La crise sanitaire, en maintenant à leur domicile des centaines de millions de consommateurs, a accéléré l’essor de la vente à distance !

Depuis la fin du printemps, les prémices d’un renversement de tendances apparaissent et plongent les observateurs dans un brouillard opaque !

Les motifs de ce renversement partiel sont au nombre de 3 :

1. L’effet de comparaison : le pic de la crise sanitaire a correspondu un point haut pour de nombreux segments du e-commerce tels que le bricolage, l’ameublement, le jardinage… En 2022, les ventes ont repris un volume normal et donc en deçà de 2021 : on ne déménage ou on ne refait pas son intérieur tous les ans !

2. Les craintes sur l’évolution du pouvoir d’achat et la première poussée inflationniste ont contracté la consommation et fragilisé les ventes du retail, et notamment celles des produits bio réputés plus chers…

3. Les valeurs technologiques ont chuté à la bourse (notamment américaine), ce qui rend plus difficile les levées de fond pour les petites (« seed »), moyennes (série A) et grosses startups (séries B ou C), et freinent leur essor. Ainsi, les « stars du quickcommerce » telles que Gorillas ou Flink ont revu à la baisse leur développement international.

De fait, le marché de l’emploi est fragilisé par l’essoufflement de deux des principaux moteurs de la croissance de l’emploi : le e-retail (représenté par les grandes enseignes de distribution de produits alimentaires ou non-alimentaires) et les scale-up (certaines aux US ont revu à la baisse leur plan de recrutement ou ont annoncé quelques licenciements sporadiques).

Pour tout dire, cette dégradation orageuse est encore peu sensible et, pour l’essentiel, le volume des offres d’emploi reste très élevé. La pénurie était si forte que la baisse de son intensité n’équivaut pas, loin s’en faut, à un excédent de main-d’œuvre !

Perché sur notre observatoire en tant que chasseur, nous constatons une dichotomie forte du marché des recruteurs, laquelle reflète les derniers chiffres semestriels de la FEVAD (Fédération du e-commerce et de la vente à distance) :

  • Les ventes en ligne de produits (alimentaires ou non-alimentaires) s’essoufflent et se contractent même en comparaison avec le point haut de 2022 (-12 % comparé au premiers trimestre 2021).
  • Celle des services en ligne est en revanche en plein essor (+43 % / premiers trimestre 2021) : cette embellie correspond à une reprise du e-tourisme (+135 % / premier trimestre 2021), mais aussi au développement de la banque en ligne (et des néobanques) et de l’assurance en ligne (et des assurtech), très présents dans le portefeuille de missions de Blue Search.

Si le chasseur prend des jumelles afin de prévoir l’avenir prochain et les tendances du marché de l’emploi pour le dernier trimestre de l’année 2022, 3 scénarii émergent par ordre de probabilité décroissante :

  • Le plus probable est une reprise en demi-teinte alliant poches de pénurie sur certains métiers experts (Data, IT, acquisition online…) et un marché de l’emploi plus équilibré pour d’autres (notamment les fonctions de Responsable et de Directeur).
  • Moins probable est le scénario du rebond dés l’automne et un retour à une pénurie exacerbée.
  • Les « Cassandre » prédisent, elles, un effondrement accompagné d’une résorption de la pénurie et d’une stagnation des salaires : nous n’y croyons guère car, tel le phénix, le marché de l’emploi renaît souvent de ses cendres et peut trouver encore de nombreux relais de croissance (blockchain, métaverse, e-santé, divertissement en ligne…).

En synthèse :

Au-delà d’une rentrée potentiellement difficile, quelle est la météo de l’emploi à plus long terme ? Très bonne selon la mission Frenchtech qui explique que d’ici 2025, 50% des emplois créés le seront dans le digital.

Après une (petite) pluie, revient toujours le beau temps !